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Réflexions, récits de tournages, errances, questionnements et réalisations.

 

Lundi 2 octobre 2006

Western Moderne : fin de tournage

Ça y est, c'est dans la boîte.
Le tournage s'est plutôt bien passé, même s'il y a eu le lot habituel d'imprévus.


Vendredi

Après avoir passé la fin de l'après-midi de vendredi à crapahuter dans Paris pour récupérer la caméra, le trépied et un réflecteur (Merci Olive !), le kit mini 35 (Merci Clovis !), la perche et la suspension (Merci Armz !), quelques gélatines et de la "diff" (Merci Gildas & Aurèle !), 2 flingues avec leurs holsters (Merci Zaz !), je rentre chez moi un peu chargé, mais impatient d'essayer le fameux kit mini 35 de Clovis, présenté ici.

La première bonne impression est pour la Sony Z1. C'est vraiment une bonne machine. bien conçue, d'apparence robuste, et à l'ergonomie bien pensée. On est assez loin de ma JVC à l'aspect Fischer Price.
Une fois le kit mini 35 vissé sur la Z1, les questions affluent :
- comment se fait-il qu'il faille zoomer autant (70%) pour avoir l'image en plein écran ?
- comment faire la mise au point ?

J'ai beau essayer, l'image n'est pas parfaitement nette. J'appelle Clovis, qui m'explique 2-3 trucs. Ça va tout de suite mieux.





Je fais l'inventaire du matériel à prendre pour le lendemain et hop, au lit.




Samedi

Je débarque chez Célia Pilastre vers midi, avec le matériel. Vincent Londez nous rejoint. Je fais quelques courses "pour le goûter", aide Célia à choisir ses costumes tandis que que Benoît Feller arrive, vers 13h30.
Benoît est le chef op' qui avait eu la bonne idée de me démarcher par mail jeudi dernier.
Nous commençons à installer la camera sur le pied, dépoussiérer le kit mini 35. Nicolas Pollet arrive, avec un sac d'éclairages, qui contient 3 mandarines et leurs pieds.
Sylvaine Chesne arrive ensuite, avec son gros sac de maquillage.
Elle est suivie par Charles Leconte et son matériel son.

 

J'abandonne assez rapidement mon idée de travelling arrière pour démarrer le plan.  L'idée était de partir en plan fixe sur le Sacré Coeur, que l'on aperçoit depuis l'appartement de Célia, puis de reculer au steady tracker jusque dans l'entrée de l'appartement, où se déroule le dialogue.
Le problème, c'est que le plan ne fonctionne pas. Le ciel est blanc, et ne contraste pas suffisamment avec le Sacré Coeur. Et quelques toits des immeubles alentours n'embellissent pas le tableau.

On décide de démarrer directement dans l'entrée.

Le temps de faire les réglages caméra, d'installer une source de lumière d'un côté, un grand tissu noir de l'autre histoire de récupérer du contraste, nous commençons à tourner à 15h30.





Nous démarrons par des champs sur Célia. L'entrée est exiguê, nous sommes 7, la température grimpe rapidement.
Imperturbable et concentrée, Célia enchaîne les prises, restant sur le chemin que nous avions trouvé lors de la séance de répétition de jeudi soir.
Elle fait de petites variations à chaque prise, et reste très juste, comme d'habitude. Le truc chouette avec Célia, c'est que son jeu sera toujours naturellement juste.  Certains acteurs commencent un peu "au-dessus", ou un peu "en dessous", et ajustent au fil des prises.
Célia a, en quelque sorte,  "l'instinct de la vérité", dès les premières prises.

Nous enchaînons avec les contre-champs sur Vincent.
Vince démarre fort. La première prise est très bonne, assez intense, avec des intentions de jeu intéressantes.
Si on avait été pris par le temps, je me serais bien contenté de cette seule et unique prise.
Comme ce n'est pas le cas, et pour satisfaire les exigences perfectionnistes de monsieur Londez, nous effectuons d'autres prises. J'en profite pour lui demander de varier les intentions. Il me propose d'autres "couleurs" de jeu, je les accepte avec plaisir. On effectue une dizaine de prises, ce qui est du luxe au vu de la qualité des 3 premières.
Mais tout luxe est bon à prendre quand on peut se l'offrir. Ce qui est le cas aujourd'hui.




Pendant que Vincent enchaîne les prises, je remarque que Célia, qui lui donne la réplique, a parfois des intonations différentes, et propose des choses que nous n'avons pas vues lorsque la caméra était sur elle.
Je décide donc de refaire 3 - 4 prises sur elle après en avoir terminé avec Vincent.
On décide de monter d'un cran en intensité, histoire de voir ce que ça donne. Si jamais ça "klaxonne", comme le dit Jacques Audiard, tant pis. On aura obtenu différentes couleurs de jeu, et différents niveaux d'intensité dans l'émotion.
A moi de me débrouiller avec ça lors du montage.
Au final, ça roule très bien. Quelque chose se passe sur le visage de Célia, la caméra le saisit. C'est aussi ça, la magie du cinéma.
 

Les problèmes que nous rencontrons viennent d'ailleurs.
Les voisins font un boucan terrible dans l'immeuble. Les portes claquent, les enfants braillent et, comme dans tout immeuble ancien à Paris, ça RESONNE.
Nous avons aussi eu droit à la concierge qui vient passer l'aspirateur dans la cage d'escalier, et au compteur électrique qui se met bruyamment en route :

 

 

 

Bien évidemment, nous n'avons pas coupé à l'orage tonitruant qui a éclaté samedi soir sur Paris, tonnerre et pluie torrentielle.... Charles, l'ingénieur du son, a serré stoïquement les dents.

Parmi les bonnes nouvelles, on citera l'excellent travail de Benoît Feller à la lumière. Ben travaille vite, maîtrise son sujet et propose des modifications d'ambiance qui vont souvent dans le sens de la réalisation. Et comme il maîtrisait parfaitement la Z1, je n'ai eu qu'à me concentrer sur le jeu des acteurs. Un luxe que j'aurais aimé pouvoir m'offrir dimanche...





Dimanche

Vers 13h, nous nous rendons à Pantin, sur les bords du canal de l'Ourcq, où nous avons décidé de tourner les scènes "western".
Bertrand alias "Frog" de Frog and Rosbif des Filmistes, est très gentiment venu me chercher en voiture. Sa twingo est chargée à bloc. On a réussi à y faire rentrer :
- la grue de Bertrand
- ma dolly
- la camera dans sa grosse sacoche
- le kit mini-35 et les objectifs
- le trépied
- le matériel de maquillage de Sylvaine
- les vêtements de Célia
- les accessoires divers (revolvers, holsters, réflecteur, poids d'haltères pour lester la grue, etc...)

A 14h, la pluie tombe. Un petit morceau de ciel bleu au loin et un sens du vent favorable font naître l'espoir. Le gros nuage gris bouge peu à peu. La pluie cesse, on commence à s'installer.

Nous faisons quelques tests grue pendant que les acteurs se font maquiller.


C'est une grue de fabrication artisanale qui monte à 3m de haut. Elle permet des mouvements assez chouettes, mais il faut la manipuler avec doigté, sans quoi le cadre tremble assez copieusement.
Et la grue est assez sensible au vent. D'ailleurs , une bourrasque de vent l'a renversée à un moment. Fort heureusement, la caméra n'était pas accrochée dessus. Flinguer un camescope à 5 000 Euros, ça m'aurait cassé le moral pour tout le mois d'octobre, et asséché le compte en banque jusqu'à l'année prochaine.

Je profite également de la fin de la séance de maquillage pour commencer à tourner quelques plans western sur Anthony. Coup de bol, le soleil revient. Je profite de son retour pour filmer Anthony dos au soleil, prêt à dégainer. Ça fait toujours quelques plans sympas dans la boîte.

 

 

 


On enchaîne avec quelques plans sur Vincent. D'abord sur pied, et ensuite en mouvement. C'est là que les galères commencent. Je ne sais pas si j'en ai déjà parlé, mais l'une des particularités du kit mini 35, est d'afficher l'image à l'envers, sur l'écran LCD (ou le viseur) du camescope. Du coup, il faut se mettre dans des positions pas possibles pour pouvoir cadrer.

Parce que cadrer avec une image à l'envers, c'est rigoureusement impossible : quand on veut aller à droite, on part à gauche. On monte quand on veut descendre, bref, c'est infernal.
Dans ces conditions, réaliser le moindre travelling au steady tracker s'est révélé être une tâche insurmontable. La mort dans l'âme, j'ai dû abandonner mes suivis de mouvements pour des plans fixes.
Les soucis ont repris lorsqu'on a utilisé la dolly. Le sol n'étant pas parfaitement lisse, les tubes en PVC transmettaient assez fidèlement à la dolly les inégalités du terrain. Conclusion : le travelling vibrait à mort, j'en ai presque mangé mon béret de dépit.


 

Nous avons fini par trouver un compromis, qui ne me satisfait qu'à moitié, mais bon, je n'avais vraiment pas le choix.
Rebelote pour les plans de grue.
D'un côté, il était excitant de visualiser sur le LCD la majesté d'un plan de caméra qui s'élève dans les airs.
D'un autre, il était rageant de voir à quel point ça vibrait, en début et en fin de plan.

Malgré cela, je crois que nous avons un ou deux plans de grue exploitables pour le montage final. C'est l'essentiel.





Nous avons eu droit ensuite à une bonne heure avec une lumière magnifique. Le soleil descendait, les ombres devenaient rasantes, la couleur jaune-orangée de la lumière s'intensifiait : c'est là qu'on a tourné la scène finale, ainsi que quelques scènes de duel crépusculaires. Mon seul souhait, c'était que le soleil puisse rester suspendu là, à donner sa belle lumière, tout en me laissnt 2 ou 3 heures de disponibles pour tourner tous les plans qui me passaient par la tête.
On a dû faire fissa, tourner caméra à l'épaule, shooter une prise par plan pour aller vite, avec au final, une sensation de précipitation pas toujours synonyme de travail bien fait.
J'aurai la réponse lors du montage.

Si c'était à refaire, je commencerais à tourner à 10h, au lieu de 14h30.

Note pour plus tard : si tu veux réussir ta journée de tournage, oublie de faire la grasse matinée ce jour-là.


Nous avons fini de tourner aux alentours de 19h, alors que le soleil venait de disparaître derrière les immeubles environnants.

Le bilan du week-end est tout de même positif : nous avons tourné très confortablement samedi, un peu moins dimanche. On a quelques chouettes plans "dans la boîte".
J'ai pu me concentrer un peu plus que d'habitude sur le jeu des comédiens (samedi, mais pas suffisamment dimanche), j'ai fait joujou avec une grue, et suis ravi de ma collaboration avec Benoît à la lumière, en plus d'être toujours aussi content de travailler avec Charles, Sylvaine, Nicolas et ma brochette d'acteurs fétiches : Vincent Londez, Célia Pilastre et Anthony Le Foll.

Maintenant, place au montage. La bonne nouvelle, c'est que je vais avoir le temps de peaufiner le travail : la "deadline" est fixée au 13 novembre...

Avant de filer, j'ai mis en ligne quelques images test avec le kit mini-35. Ces images ne seront a priori pas dans le montage final. Et ça vignette à mort. Les autres images ne vignettent pas autant.
(P.S. N'hésitez pas à jeter un coup doeil à l'album photo).

 



31/07/2009
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